Tronçais…les années 1940

28 février 2016 - soljj

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Début août 1940, arrivait à Tronçais un détachement de 60 jeunes, premiers éléments du futur Groupement numéro 1 « Maréchal Pétain » des Chantiers de Jeunesse. A l’emplacement des anciennes Forges, seront implantés le Poste de Commandement et le Groupe Maréchal Lyautey au Camp Colbert, plus tard, le Groupe Faidherbe, dit « des sabotiers ».

Le 9 septembre 1944, le « Centre de séjour surveillé de Tronçais » viendra s’y installer ; ses derniers occupants le quitteront pour d’autres lieux de détention le 28 octobre ; plus connu sous l’appellation « Police du Maquis », ce groupement ne sera donc resté que 2 mois à Tronçais.

Enfin, les baraquements seront occupés par des prisonniers de guerre allemands, et, finalement, vendus ou attribués gracieusement à des collectivités ou associations locales…notre Foyer Rural occupera l’ancien bâtiment abritant l’infirmerie du camp.

Chantiers de jeunesse, Camp de prisonniers sont plus ou moins restés dans nos mémoires…mais qui se souvient de la présence et des activités de la « Police du Maquis? » Famille, voisins, amis…personne n’en a jamais parlé…Ignorance ? Crainte ou honte?…nous étions si proches pourtant !

Des enfants de membres des Chantiers de jeunesse venus se renseigner sur la vie de leur père à Tronçais se sont vu répondre «N’en parlez pas, c’étaient des voyous ! » Les confondaient-ils avec ces curieux « gardiens » du non moins curieux « Centre de séjour » ? ou se rappelaient-ils les petits larcins commis par les premiers arrivants qui « crevaient de faim » selon notre voisine de Baignereau ?

Il fallut bien des années avant que la Presse et quelques écrivains plus ou moins « engagés » s’intéressent à cette période que les médias locaux ont préféré oublier…

Juin 1944 : Saint Amand avait été libérée le 6 juin, à l’aube du débarquement en Normandie…reprise le 8 par des troupes allemandes, après une brutale répression ; les occupants ne quitteront la caserne Richemont à Montluçon…et Moulins le 6 septembre. Mais la Résistance avait déjà fait procéder à quelques internements « préventifs » dans des fermes inoccupées à Louroux Bourbonnais, puis à Sauzet, fermes en lisière de bois, l’occupant restant très proche. Le nombre d’internés augmentant, on les transféra à la mi-août dans les baraquements du Groupe Bonaparte au Village des Chamignoux…

Après la libération de Montluçon, les nombreuses arrestations conduisirent à installer le groupe « Police du Maquis » le 8 septembre, au Camp Colbert à Tronçais. On y retrouva des miliciens, des « collaborateurs », des prostituées ou « amies » de soldats allemands, des directeurs d’usine trop zélés, des trafiquants du marché noir…gare au mauvais voisin dont la dénonciation peut s’avérer fatale ! Une mention spéciale pour Jacques Chevalier, ancien ministre de Pétain, originaire de Cérilly, écrivain auteur du Grand Livre de la Forêt qui avait droit à son bâtiment particulier et à un traitement de faveur !

L’encadrement et le gardiennage étaient assurés par des FFI, avec des chefs souvent « autoproclamés » et un Comité Départemental de Libération aux possibilités de contrôle limitées. Les derniers occupants quitteront le camp pour la Malcoiffée à Moulins le 28 octobre.

Les principaux responsables des actes commis durant cette période dite d’épuration seront jugés et nous rapporterons simplement quelques extraits des condamnations prononcées en 1954:
-sept officiers et gardes FFI sont inculpés de complicités d’assassinats, d’attentats à la pudeur avec violences sur vingt six détenus parmi lesquels quatre décédés sur place…reproches également de tortures, de bastonnades, d’actes de sadisme et de perversion…

Les accusés seront finalement relaxés en application d’une loi d’amnistie concernant les Résistants, après deux délibérations au verdict contradictoire…(cette loi pouvait-elle s’appliquer aux condamnés?)
Gardez-vous de conclure…nous sommes en juin 1944Â…après quatre ans doccupation, de collaboration avec leurs funestes conséquences…et on ignorait encore les massacres d’Oradour, les atrocités des Camps de déportation!

Pour une information complète et objective concernant cette période et le travail des tribunaux d’exception qui seront alors installés, vous pouvez vous reporter au livre de M. André Touret (Montluçon après la tourmente).

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