1846: notre arrière grand-père Jean Baptiste vient de naître à La Queudre où son père Pierre est laboureur, son oncle Gilbert est laboureur, lui aussi, mais aux domaines de Beauregard. Pierre est né le 11 floréal an IX à Meaulne, au hameau de Vernais; il s’est marié à Vitray en 1829 avec une habitante de la ferme de Fay, proche des Arpents. A cette époque, Braize est toujours « La Bruyère de Braise » et son carrefour principal n’est pas encore Beauregard, mais Les Gallerands.
Le cadastre de 1834 nous permet d’imaginer ce que devait être le voyage à pied?…en voiture à âne? pour rendre visite aux parents.
Deux possibilités s’offrent à notre aïeul:
1 – suivre l’ancienne « Rue des Orfèvres » en direction de La Leu, en longeant La Commanderie et son mamelon, passer sur la Chaussée de l’étang alimentant « l’établissement de Laloeuf » où son fils sera plus tard « ouvrier d’usine ». Cet établissement, installé depuis 20 ans à la place de l’ancien moulin, comprend huit bobines de tréfilerie et quelques métiers à fabriquer les pointes de Paris; il utilise des matières premières en provenance de Morat et est alors dirigé, comme l’ensemble de Tronçais par J.B. Dechanet, également maire de St Bonnet le Désert. (source:Les Forges de Tronçais – Une usine au coeur de la forêt)
De là, notre voyageur poursuit son chemin vers La Croix Pétouillon, d’où l’on peut aussi rejoindre Urçay ou le moulin des Ris. C’est, paraît-il, le lieu où serait enterré un meunier à la conduite fort dissolue et à qui on aurait refusé une sépulture chrétienne, à moins qu’elle ne rappelle la mort d’un enfant dévoré ici par un loup, l’endroit aussi où les « Meneux de loups » rassemblaient leur meute. Tous ces chemins étaient empruntés depuis un demi-siècle par les convois de mulets ou de « bannes » (tombereaux) chargés de charbon de bois destinés aux Forges. Devant nous, la butte de Montaloyer avec son chêne légendaire, repère salvateur pour des « touristes » égarés dans la boue, la broussaille ou le brouillard! Ensuite, le chemin retrouvait le tracé de la voie actuelle peu avant Les Arpents; notons son croisement avec la seule route de Braize à l’époque qui menait du Veurdre à Urçay, un ancien chemin muletier restauré à l’âge d’or des Forges de Tronçais.
2 – on pouvait aussi emprunter un itinéraire, disons plus « légendaire »…depuis Les Gallerands, rejoindre le « Village de Braise » par l’ancienne « Rue des Maréchaux ». De cet opulent village, ne subsistent alors que l’église et la cure , pire d’après certains chroniqueurs, cette chapelle ne serait plus « qu’une vieille mazure avec ses quatre murs »! Les maisons les plus proches sont la Petite ferme de Laloeuf et celle de Pouveux…qu’en est-il alors du Château de La Pacaudière ? Plus loin à gauche « le ch’tit moulin » du château – ou ses ruines- on franchit à gué le ruisseau des Mailleries qui alimentera plus tard le lavoir communal; à gauche encore le chemin des Forges par le Feuillet l’étang de St Bonnet et les Landes Blanches, La Mimonerie (ancienne maison religieuse?), le Champ de la Chapelle et Montaloyer où l’on retrouve notre premier itinéraire au pied du « Chêne à la Vierge »…
Peut-être des idées pour les organisateurs de randonnées pédestres à la recherche des sentiers perdus…promenades agréables…se rappeler qu’elles l’étaient sans doute moins…et puis, il y avait encore des loups à Tronçais…et bien d’autres prédateurs ?
Sans rapport: Autrefois, les bâtiments des grandes exploitations étaient généralement construits en retrait des grands chemins…on y accédait par un chemin privé (Bourbonnais – ed Bonneton)…On en a une parfaite illustration avec les deux fermes de Beauregard, dont « La Réserve » est reliée au chemin d’Ainay le Château par une belle allée rectiligne – (A) sur l’extrait du cadastre.