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Autrefois ... la fête à Braize

La Saint-Antoine

Jusqu'à la dernière Guerre mondiale, Braize mettait un point d'honneur à célébrer dignement ces trois événements marquants dans la vie de la Commune : La Saint-Antoine,La Fête à la Violette et Le Premier Dimanche de Septembre. La première était la plus attendue, la plus renommée aussi; elle est maintenant jumelée avec La Saint-Blaise (3 Février), patron des cultivateurs. Annonçant le retour des beaux jours, La Fête à la Violette avait lieu le dimanche suivant Pâques. Celle du Premier Dimanche de Septembre marquait la transition entre les pénibles travaux des récoltes estivales et les futurs labours et semailles de l'automne

Fête Patronale de la Commune, La Saint-Antoine était célébrée le 17 janvier, date figurant dans « Les Saints du Calendrier Romain ». Il est le Patron des animaux domestiques ; les Hospitaliers de Saint-Antoine avaient le droit de laisser leurs porcs errer dans les rues, à condition qu'ils portent une clochette. Sa statue, œuvre d'un artiste local, trône près du chœur de l'église, quelque peu modifiée après avoir été « vandalisée » il y a quelques années.

Saint Antoine

Revenons à notre Fête : malgré la mauvaise saison, elle avait toujours lieu à sa date exacte, quel que soit le temps; Il fallait parfois que les invités ferrent leurs chevaux « à glace » pour venir des communes avoisinantes; six kilomètres à parcourir dans la forêt enneigée pour arriver de « La Croix-Palais », mais il n' était pas question de manquer cet événement !...Et j'ai vu des danseuses se rendre à la fête, chaussées de sabots, jusqu'au parquet du bal, leurs souliers fins rangés dans le sac des mamans !

L'arrivée des invités
L'arrivée des invités

Le bal de Grand-Père

Le
grand-père et son piston

Le Bal justement ; mon grand-père paternel possédait un « Parquet salon » qu'il montait et démontait au rythme des fêtes de la région. Lui-même jouait du piston; il avait aussi tenté l'étude du violon, sans succès apparemment. C'était dans les années précédant la Guerre de 1914-1918 ; grand'mère qui avait l'œil, paraît- il, faisait payer les couples « à la danse »; Je suppose que le cavalier avait la galanterie de s'acquitter de cette; disons « redevance ». Le parquet fut vendu, le piston rangé sur l'armoire; j'ai longtemps joué au marchand avec la sacoche de la redevance !

Le « Parquet » était installé sur la place du café qui subsiste encore aujourd'hui; pas de manèges, parfois une petite loterie, un tir à la carabine. Pendant que « les hommes » s'attardaient à quelque manille coinchée, les mamans accompagnaient. leurs filles au bal, devisant patiemment, assises sur les banquettes pourtant peu confortables qui entouraient la salle. Selon le temps, les invités restaient dîner, avec, parfois, un dernier petit tour au bal en soirée.

La procession et l'interminable repas

La procession et l'interminable repas

La journée débutait par la Messe; et avant la messe, par un petit déjeuner « amélioré », un chocolat au lait remplaçant l'habituel café. Donc, toute la commune se retrouvait à l'église, à part quelques irréductibles qui préféraient commencer les agapes par le petit blanc dans l'un des deux cafés que comptait alors le village. Plus que de la cérémonie, je me souviens du « Pain Béni », la brioche offerte aux fidèles (et aux autres) par une famille, chaque année différente.

Je me souviens de la Procession aussi; Tous les 17 janvier, le Bon Saint-Antoine et son cochon sortaient prendre l'air, promenés sur les épaules de deux solides villageois; et le défilé, précédé de M. le Curé et de ses Enfants de chœur, empruntait le parcours traditionnel : la place de l'église, le cimetière et retour par le petit chemin de terre aujourd'hui disparu.

La procession

Venait alors le moment du repas, de l'interminable festin !...Il nous arrive souvent d'évoquer ces menus de l'époque, dubitatifs face à notre dernier taux de cholestérol (le mauvais, bien sûr); Pâtés à la viande, lapin ou volaille en sauce, poulets rôtis, cochonnailles, légumes (pas trop), fromage « de vache », tartes, crème au chocolat, brioche; par contre, on ignorait alors « le vin bouché ». A la fin, se testaient les « petites gouttes », spécialités familiales au cassis, à la cerise, à la mirabelle, au coing; sans oublier la rugueuse « gnôle », fraîchement distillée à l'alambic ambulant.

Fête et ... travail

Mais à la Saint Antoine, les bêtes étaient rentrées à l'étable ; je n'ai pas le souvenir que mes parents ou grands-parents les aient sacrifiées aux festivités. Comme les autres jours de la semaine, il fallait « curer » vaches, chevaux, cochons ; « tirer » de l'eau au puits pour abreuver toute cette tribu; hacher les betteraves, descendre le foin ; et j'oublie les volailles, les chiens et les chats. Deux ou trois heures d'occupation !...pourquoi mon père conservait-il si peu de bons souvenirs de nos anciennes FÊTES À BRAIZE ?

Jean-Jacques Martin