Le 8 novembre 1940, venait la cérémonie du « Chêne du Maréchal » en Forêt de Tronçais. Jacques Chevalier, né à Cérilly, Secrétaire Général à l'Instruction publique, et qui entretenait depuis leur commun séjour en Espagne franquiste des liens personnels avec le Maréchal, avait désiré la présence de celui-ci dans son pays natal.
A midi, le cortège officiel arrivait devant la maison de son collaborateur où
se trouvaient le Maire, les Conseillers municipaux, les Anciens Combattants,
deux jeunes filles portant des fleurs, les journalistes et photographes.
Le Maréchal était l'hôte à déjeuner de J. Chevalier avant de parcourir la Forêt pour aboutir au Rond des Vernelles, accompagné du Ministre de l'Agriculture et du Préfet, rond où l'attendaient le Sous-préfet de Montluçon, et le Général Bérard commandant le Département. Le 1er Groupement des Chantiers de Jeunesse rendait les honneurs ; un important concours de population, venu des environs acclamait.
A l'écrivain paysan Emile Guillaumin, Ph Pétain demanda un exemplaire de son œuvre maîtresse « La Vie d'un Simple » ; il entendit J. Chevalier lui présenter « sa forêt » et fit une réponse empreinte de modestie qu'interrompit un cri : « Le Maréchal est aussi grand que le chêne ! » lancé, non point comme l'affirme l'hagiographie de l'époque, par un vieux bûcheron mais par un retraité du Métropolitain de Paris. Les écoliers offrirent des fleurs (1), le martelage des initiales se déroula suivant le cérémonial des « Eaux et Forêts », puis un tailleur de merrain s'adonna à une démonstration de son travail.
Voici le procès verbal de cette cérémonie : « Aujourd'hui, huit novembre 1940, dans la forêt domaniale de Tronçais, au canton de Morat, parcelle sept de la quatrième série, a été inauguré le chêne Maréchal Pétain »
Repartant une heure plus tard, Pétain emportait la hachette et un exemplaire somptueusement relié de « Bourbonnais 39 », tandis que la foule recueillait les éclats de bois détachés par le Maréchal.
(1) les écoliers de Braize allèrent voir le cortège du Maréchal à son passage à Saint Bonnet.
(G. Rougeron : Le Département de l'Allier sous l'Etat Français)
De naissance présumée vers 1640 ; extrêmement droit, il fut
à l'origine appelé par les bûcherons « Chêne des 40 mètres »…Sa
circonférence avoisine les 3,60 m, sa hauteur totale 41 m.
Après avoir été le « Chêne Maréchal Pétain », il fut rebaptisé
clandestinement le 13 février 1944 par trois bûcherons « Chêne Gabriel Péri
», du nom d'un député fidèle à ses convictions qui mourut, fusillé par les
troupes d'occupation en 1942.
Julien Vincent, résistant du 201ème Bataillon F.T.P accompagné de deux autres
résistants, André Brodin (ébrancheur forestier) et Charles Rougelin ont
rapporté la scène : « Par une nuit noire et froide de février 1943 ( ?), nous
nous rendîmes au pied du chêne « Maréchal Pétain après avoir escaladé les
barrages barbelés entourant le site.
Ensuite, André Bredin escalada le chêne avec des griffes de forestier et il procéda à la dépose de la plaque « Chêne Maréchal Pétain » et la remplaça par la suivante : « Chêne Gabriel PERI…Patriote français fusillé par les nazis » (La vie en Forêt de Tronçais de juin 1940 à octobre 1944…R. Chassaingt)
Il est maintenant nommé officiellement « Chêne de la Résistance ». La rumeur selon laquelle cet arbre aurait été « mitraillé » à la Libération semble être fausse ; les traces visibles sur le tronc seraient dues aux griffes des ébrancheurs.
Le Pays de Tronçais se prêtait peu à une implantation organisée de résistance : importance du massif forestier…présence de nombreux camps des Chantiers de Jeunesse…
…Le 6 juin 1944, s'était installé en Forêt de Tronçais le Maquis Michel qui, constituant la 1ère compagnie F.F.I, couvrait le nord-ouest du département avec une centaine d'hommes, ouvriers et paysans munis d'armes parachutées. Le 27 juillet, il opéra en plein dans la ville de Montluçon un raid, attaquant à la grenade l'Hôtel qui servait de casernement au P.P.F dont furent tués le Chef départemental et trois de ses adeptes. (G.Rougeron…le Département…) …attaque de Frémont à Vallon en Sully, d'un convoi allemand à Doyet, le 8 août en forêt de Civrais engagement avec d'autres maquis dans « le Combat de Bouillole », du 19 au 25 août participation à la libération de Montluçon avec les F.T.P, d'autres corps francs, des milices patriotiques des guérilleros espagnols, ... Quelques identifications de terrains de parachutage : Ainay le Château, Cérilly, Cosne d'Allier, Vallon en Sully...
On peut également mentionner les actions de quelques jeunes engagés dans les Chantiers de Jeunesse de Tronçais : dès octobre 1940, plus de 100 membres du Groupe 3 participent au « camouflage » d'un stock de cuivre découvert dans le Cher.
En 1944, après les arrestations et changements dans la direction des Chantiers, certains s'engagèrent dans les maquis existants ( Meillant, Sancoins…) et participèrent à la libération de St-Amand, Sancoins, Bourges…et à la capitulation de la « Colonne Elster ».